Un peu d'histoire
Directeur des magasins militaires à Milan puis à Rome, Antoine Charles BARON fait fortune et s'installe à Paris sous l'Empire, où il devient directeur adjoint du Mont de Piété, la principale banque de l'époque. À ce poste, il rend service à de nombreux notables émigrés auxquels il permet de sauvegarder leur fortune. Ceux-ci le recommandent alors à Louis XVIII. Le roi l'élève au grade de directeur, puis le fait baron, ce qui explique son nom : baron BARON de CLAVIER.
Le 15 mai 1822, il se rend acquéreur d'un terrain à Seillans, afin d'y installer une fabrique de coton. La pose de la première pierre a lieu un mois plus tard.
Suite à la crise boursière de 1825, l'industrie et le commerce du textile subissent de graves difficultés. Cependant, Seillans résiste. La filature produit des pièces de coton rayé, de linge de table et diverses pièces de tissus. Mais, en 1831, la fabrique est mise en liquidation judiciaire et ferme en 1832.
De 1838 à 1845 de nombreuses tentatives de sauvetage échouent. En 1874, Monsieur DENOVE, négociant à Fréjus, se rend acquéreur du bâtiment. Le nouveau propriétaire se dirige vers une activité aux ressources très prometteuses : l'élevage et la récolte du ver à soie. Il fonde la magnanerie de Seillans. En 1878, il cède le bâtiment au fils de Charles et ancien maire de Seillans, Henri BARON.
Les ouvriers s'occupent alors à cueillir la feuille du mûrier afin de vaquer à la culture des vers à soie, ou sériciculture. Les mûriers couvrent alors 10 hectares, et plus de mille arbres sont en production. La magnanerie emploie cent personnes. La soie obtenue par la chenille du bombyx du mûrier (ou ver à soie) intéresse l'industrie textile.
Pour l'anecdote, on assure que les hommes ne doivent pas pénétrer dans certaines chambres sensibles de la magnanerie. Ils peuvent ramasser les feuilles de mûriers, mais seules les femmes sont autorisées à les apporter aux chenilles, à condition qu'elles ne soient pas enceintes.
En 1884, la magnanerie de Seillans remporte la médaille d'or de l'exposition internationale de Nice.
Hélas, la maladie, les crises économiques successives et autres dommages auront raison de cette noble activité. De plus, le matériel devenu obsolète ne résistera pas à l'avancée massive de l'industrie, qui prendra tout son essor en ce début du XXème siècle.
En 1930, malgré les efforts de la municipalité, la magnanerie fermera définitivement ses portes. Plus tard, le bâtiment sera utilisé comme annexe de parfumerie… nous ne sommes pas loin de Grasse, célèbre pour ses parfums.
Aujourd'hui, l'initiative de Pierre DUFRASNE réjouit à nouveau les Seillanais.
La nature du site est non seulement respectée mais aussi mise en beauté. Cette réouverture apporte un nouvel élan à cette région, riche de sa nature, de son histoire et de son patrimoine.